Décryptage

Décryptage # 2 IHEGC – La dette des États – Partie 1 – 9 octobre 2020

L’IHEGC (Institut des Hautes Études en Gestion de Crise) est un Institut de formation spécialisé dans la formation des dirigeants et acteurs du changement à la gestion des crises et des transformations.

Nous poursuivons notre série sur le décryptage de l’actualité après le DÉCRYPTAGE #1 consacré à l’acte 1 de Bridgestone.

Focus en deux parties sur la dette des États et des entreprises.

On parle de plus en plus des dettes accumulées par les États et les entreprises à la suite de cette pandémie qui a touché planétairement tous les pays.

Mais finalement, peut-on assimiler les deux dettes ? Comment ces dettes se forment-elles et surtout comment seront-elles remboursées ?

PARTIE 1 – Les États

Les États les plus développés qui peinaient à dégager des ressources financières pour réduire les inégalités, et allaient de COP21 en COP23 ou 25 pour ne surtout pas prendre de décisions financières sur les grands enjeux contemporains que sont le climat et la biodiversité, ont su avec une agilité, qu’une planche à billet n’aurait pas su imiter, créer des lignes de dettes colossales en ajoutant un simple chiffre dans leur loi de finances.

La question récurrente est : comment va-t-on rembourser ?

Curieusement cette question hante deux générations extrêmes : les seniors qui sont inquiets de se voir partir et léguer ainsi un monde invivable, et les générations Y et Z qui reprochent à leurs aînés de financer aujourd’hui les dégâts sans compter en reportant sur eux les généreuses dépenses qu’il faudra bien rembourser…

Au milieu on est davantage dans un fatalisme pragmatique…

En fait de dette, on a davantage l’impression que c’est de la monnaie qui est créée plutôt que de la dette.

Avant, on imprimait physiquement des billets, mais çà c’était avant.

Maintenant, on crée de la monnaie. Ça ne date pas d’aujourd’hui, c’est apparu avec le Quantitiave Easing de la FED pour réduire l’inflation, en jouant sur le rachat des dettes par la banque centrale, puis l’Europe lasse de voir l’euro dépasser les 1,40 USD pour 1 euro s’y est convertie, la BCE achetant dans un premier temps la dette des États, puis, à l’instar de la FED, les dettes des entreprises privées

A partir du moment où les États émettent de la dette qui est aussitôt rachetée par les Banques Centrales qui n’ont pas de ressources propres à la hauteur de ces rachats, on assiste bien à une création monétaire, certes plus élaborée en apparence que l’impression de billets de banque.

L’économiste Patrick Artus ne s’y trompe pas d’ailleurs, puisqu’il dit (par relation transitive)

« qu’il n’y a pas de problème de dette puisque c’est de la monnaie qui finance le déficit public ».

Jusqu’où cela sera-t-il supportable ?

Quand on est le seul dans cette situation, on s’affaiblit, Mais quand tout le monde est en crise, c’est finalement un accord tacite entre tous les États qui considèrent que cette crise vaut bien 30 à 40 % de dette supplémentaire par rapport au PIB en plus.

Et comme la dette des États n’est jamais remboursée, il n’y a finalement aucun problème puisque tout le monde est d’accord et fait la même chose.

Avant la variable d’ajustement c’était l’inflation…

Aujourd’hui la création monétaire généralisée du Japon aux États-Unis en passant par l’Europe ne crée plus d’inflation.

La variable d’ajustement c’est l’utilisation de cette monnaie dans des actifs financiers, immobiliers, dans la tech, etc… C’est comme cela que les bulles naissent généralement.

Il est tout de même impressionnant de constater que dans le contexte de destruction de valeur généralisée, les bourses ont poursuivi leur hausse et les valeurs de la tech ont crevé leurs plafonds, sans que celles du luxe pourtant très touchées par l’arrêt des voyages ne baisse à due proportion…

Au-delà des phénomènes de dette, et des phénomènes de bulles (les actifs financiers, l’or, l’immobilier) on voit bien que c’est l’équilibre mêmes de secteurs qui va se modifier structurellement.

Certains pans seront touchés durablement mais de façon conjoncturelle, alors que d’autres seront touchés structurellement comme l’automobile, le tourisme et les voyages, l’aéronautique et … l’immobilier de bureau qui diminuera tendanciellement de 25% en considérant que le travail concernera en moyenne 1 à 2 jours par semaine les cols blancs.

On va assister à une réallocation des ressources et à une réflexion sur la chaine de valeur au niveau des États.

La souveraineté (que l’on avait presque oubliée) est redevenue une vertu : médicaments (horreur on ne fabrique pas le Doliprane en France !), énergies (renouvelables), agriculture (pour éviter que les rayons ne se vident en cas de confinement), industrie de transformation (pour éviter de dépendre de la Chine même pour un boulon…), ….

Sans oublier la souveraineté numérique dont soudainement nous avons pris conscience : de Zoom à Teams en passant Netflix, tout est américain, toute notre vie est américaine, professionnelle ou personnelle, influencée par une culture sans histoire et réductrice, et de toute façon quand ce n’est pas américain, c’est nationalisé comme on l’a vu avec Tik Tok, ou

… racheté à la loyale comme Shark Robotics racheté par Boston Dynamics.

IHEGC – Arnaud Marion

9 octobre 2020

am@ihegc.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Résoudre : *
27 + 26 =